La lauréate et son projet : Hoda Adra écrit L'incalculable vie de Sifr Poète de spoken word, artiste visuelle, et traductrice littéraire, Hoda Adra est née au Liban et a grandi en Arabie Saoudite jusqu'à l'âge de dix-sept ans, avant d'être, selon ses mots, « adoptée par Montréal » en 2002. Ce triangle territorial a inspiré son premier album de spoken word, La liberté des sens (2017), « récit rythmique d'un corps arabe et féminin propulsé d'un monde à l'autre ». Ses écrits explorent « l'apartheid du genre, l'histoire orale avortée et les politiques de marginalisation en lien avec la motricité féminine ». Parmi les événements où Hoda Adra a paru en scène, mentionnons : le Canadian Festival of Spoken Word, la Nuit blanche, le Festival Quartiers Danse, Slamontréal, les Halles de Bruxelles, et comme artiste en résidence au Banff Centre for the Arts. En 2017, elle a remporté la médaille d'argent au Grand Slam du Québec. La pièce qu'elle a co-écrite avec Kalale Dalton-Lutale, Habibi's Angels : Commission Impossible, une commande du Talisman Theatre, a été présentée virtuellement à La Chapelle en décembre 2020. Hoda Adra travaille aussi la pellicule et termine une résidence d'artiste en cinéma expérimental à Main Film. En 2021, elle se voit décerner le prix PEN Translates pour son travail de traduction d'histoire orale palestinienne pour le livre Voices of the Nakba. Et, pour reprendre ses mots : « En cachette, je panse mes mots par la peinture. » Hoda Adra travaillera à un monologue intitulé L'incalculable vie de Sifr (premier de La Trilogie de Sifr) qui raconte comment Sifr perd et retrouve son corps, à travers un périple parsemé de contradictions : de Beyrouth au Montréal de la loi 21, en passant par la Brumanie – pays aux restrictions intenses, gouverné par la brume. Entre récit autobiographique et réalisme magique, ce solo vacille entre la timidité, l'autocensure, la séduction, l'humour, la maladresse, la honte, l'urgence, le délire, la rage explosive, la satire... comme si Sifr apprenait à marcher. L'incalculable vie de Sifr fait appel à la parole poétique, au mouvement et aux projections, trois langages scéniques par lesquels Hoda se réapproprie ses trois moyens d'expression : la voix, le corps, et l'image. Hoda jouera le prologue de cette histoire au M.A.I. en mars 2021. Hoda Adra a commenté en ces termes le fait d'avoir été choisie pour Voi.e.s.x théâtrales : « Ces accompagnements m'aideront à approfondir le langage du corps qui décide de quitter les lignes de la page pour occuper la scène. » |