Mme G. [2016]
(Les éditions de L’instant même «L’instant scène», Longueuil, Québec: 2017) 15.95$
Résumé Un jeune journaliste tente de percer le mystère de Mme Gisèle, légende de la vie nocturne et clandestine à Québec.
Théâtre documentaire Extrait «La cigarette, c’est mon problème numéro un. Pas capable de m’en défaire. Depuis l’âge de treize ans que je fume. C’est déjà venu à quatre cinq paquets par jour. Là, c’est rendu à trois. Je diminue.» Revue de presse "CRITIQUE / Propriétaire d’un bordel, puis
tenancière d’un bar clandestin installé dans son demi-sous-sol enfumé du
quartier Montcalm, Thérèse Drago est devenue une légende de la vie nocturne de
la capitale. Personnage aussi marginal que fascinant, la dame figure ces
jours-ci au coeur de la pièce Mme G. à Premier Acte, où l’équipe
réunie autour de l’auteur Maxime Beauregard-Martin lui rend un hommage
pétillant, lumineux, rempli d’humour et de tendresse. Ancré dans le réel, soit une véritable rencontre
avec son sujet, ce docu-fiction se déploie en plusieurs époques, dans
lesquelles on surfe joyeusement. À la fois narrateur et témoin, Maxime
Beauregard-Martin sert sur les planches de guide et de fil conducteur. Dans
cette mise en scène de Maryse Lapierre, nous le retrouvons dans la chambre de
celle qui a été rebaptisée Gisèle, alors qu’il recueille les confidences qui
serviront de terreau à sa création. Il nous fait voyager dans le temps jusqu’à
l’époque de la maison close La Grande Hermine, dont Mme G. était propriétaire,
puis dans l’after-hour illégal où elle a accueilli pendant plusieurs
années des noctambules plus ou moins poqués. Il nous amène aussi chez lui, dans
ses angoisses d’auteur, et en salle de répétition, alors que ses comédiens ne
manquent pas de le remettre en question. Maxime Beauregard-Martin a su trouver le bon angle
pour rendre tout ce beau monde profondément attachant. Pas de condescendance,
mais pas de complaisance non plus. Juste un regard bienveillant sur un monde
pas très reluisant d’emblée : une vieille dame en jaquette qui grille
cigarette sur cigarette, des prostituées et leurs clients, des oiseaux de nuit
esseulés qui rechignent devant les premiers rayons de soleil. L’auteur ne
s’épargne pas non plus, soulignant à gros traits d’autodérision ses insécurités
et ses obsessions. Son texte est rythmé, imagé et judicieusement
ponctué d’extraits musicaux (la vibrante interprétation des Feuilles
mortes par Mary-Lee Picknell accompagnée au piano de Patrick Ouellet a
tout pour nous faire passer du rire aux larmes). Et il prend vie de fringante
manière sous les bons soins de comédiens qui adhèrent pleinement à la
proposition. Pilier de la pièce, Marie-Ginette Guay campe une Mme G. plus
grande que nature, autoritaire mais aimante, rebelle, drôle, libre et
franchement inspirante. Digne d’une ovation Il ressort de cette pièce beaucoup d’humanité, de
l’entraide et du bonheur, aussi. Parce que si la Mme G. de
Beauregard-Martin confesse qu’elle n’est pas fière de sa personne «au niveau
aguichement», elle répétera souvent qu’elle est «fière-pet» de sa vie, dans
laquelle elle a croqué avec joie. Son sentiment est contagieux, si l’on se fie à
l’ovation qui a été réservée à la troupe jeudi soir. On quitte la salle le
coeur léger, après avoir ri un bon coup, avec l’impression de connaître un peu
mieux une tranche de vie de la capitale qui méritait d’être mise en
exergue. " Geneviève Bouchard, Le
Soleil , le 16 avril 2016 À propos de(s) l'auteur(s)
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