Fanny vient d’avoir 55 ans. Dorian et elle forment un couple inébranlable, amoureux et heureux. Pourtant quelque chose leur manque et ils décident de louer une chambre à Alice, une jeune étudiante en philosophie. Alice est une jeune femme engagée dont les idées bousculent leur univers stable. Et Fanny, tout d’abord déconcertée, puis ébranlée par leurs différences, va redessiner les contours de son existence et redéfinir sa façon d’être au monde.

« FANNY : Ça va nous empêcher de nous aimer si j’habite pas ici ?

DORIAN : C’est pas / ça

FANNY : Parce que toi ce qui fait que tu m’aimes c’est qu’on partage une adresse ?

DORIAN : Tu comprends très bien ce que je veux dire

FANNY : C’est pas contre toi amour

C’est contre le manque de curiosité

Contre l’immobilité

Contre la peur de transformer le portrait des choses

Contre la vaisselle

Contre ma vie qui tourne sur elle-même

Contre mes repères

Contre notre besoin de toujours marcher dans le même sillon

Contre ma dépendance à toi à nous

Contre les instants de doutes

Contre l’échec de la fulgurance

Contre mes mains qui tremblent

Contre le divan

Contre les comptes à payer

Contre les regrets

Contre les mensonges

Contre les mensonges du quotidien

Contre les grands mensonges

Contre les corps trop habitués

Contre nos places dans le lit

Contre la salle de bain

Contre la peur de nous perdre un jour

Contre la chanson qui se répète

Contre la distorsion d’un réel pas suffisant

Contre la mort

C’est ça

C’est contre la mort que je veux partir

Je t’aime

Ça enlève rien à ça

Mais pourquoi on devrait absolument s’aimer dans la même maison ?

ALICE : Je peux tu me reprendre une pointe de pizza ?

DORIAN : Je suis amoureux de toi

Encore

Je veux dire

Mettons

Tu parles de saucisson pis ça me donne envie de faire l’amour avec toi »