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L'affiche [2004 - 2006] (Lansman Éditeur, Collection "Écritures vagabondes", 2009) 15.95$
Première lecture Ce texte a été présenté en lecture publique par le CEAD, le 29 novembre 2007. Nombre de personnages 9 Personnage(s) | |
Traduction(s) - Traduit en anglais par Shelley Tepperman sous le titre de The Poster [2011]
Résumé En Palestine, quand quelqu'un tombe sous l'occupation, on imprime des affiches de lui pour en tapisser les murs. Un jour, un imprimeur se retrouve à imprimer l'affiche de son fils unique, mort par balle dans son camp de réfugiés. La vie de la famille endeuillée se dégrade et la colère ne laisse plus de place à l'humanité. Shahida, la soeur du martyr, essaie de rêver avec son amoureux en dépit de l'occupation. Puis l'histoire explose. Elle remonte le fleuve de la douleur jusqu'à la Mer Morte, et accote les survivants dos au Mur de séparation. Huit mètres de haut, le mur.
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- Décor: 1ère affiche
Camp de réfugiés palestiniens en territoires occupés. Une petite pièce sombre avec un toit de tôle. Une cuisinière rudimentaire. Shahida, une jeune femme, est enfoncée dans un sofa. Sa mère Oum Salem, cuisine. L’odeur est délicieuse. Il pleut. Abou Salem, le père, s’apprête à sortir.
2e affiche
Hurlement mécanique. Comme la panique du métal. Abou Salem imprime des affiches. Il est seul. L’imprimante industrielle fait un bruit insupportable. Des affiches de Salem sortent avec empressement. L’homme est affairé. Sale. Épuisé. Il éteint le monstre.
3e affiche
Noir complet, opaque. Silence. Opaque lui aussi.
4e affiche
Appel à la prière du matin. Lumière de l’aurore. Abou Salem fait lentement ses ablutions. En silence. Ailleurs, un rabbi se prépare aussi à la prière du matin. Il enroule une courroie et une boîte avec phylactères autour de son bras gauche, une autre autour de son front. Les deux hommes prient.
5e affiche
Terrain vague. Shahida lance des pierres sur un mur.
6e affiche
Faible lumière. On voit Ismaïl qui nourrit sa mère. Elle est complètement pétrifiée.
7e affiche
Marché des fleurs. Shahida prépare les roses.
8e affiche
Lumière. Forte. Blanche. Bureau propre. Itzhak est assis face à un docteur, son M-16 sous la main. Il joue nerveusement avec le cran d’arrêt.
9e affiche
Baraque délabrée de la vieille colonie. Un ménage sommaire a été fait. Shahida est assise sur un vieux lit. Ismaïl est devant son chevalet. Une vitre y est déposée. En regardant intensivement Ismaïl, Shahida défait son voile. Hésitante, elle baisse les yeux puis l’ôte. Il la regarde au travers de la vitre. Il n’a jamais vu ses cheveux depuis qu’elle est jeune. Il commence à peindre.
10e affiche
Abou Salem entre à l’imprimerie. Il est accompagné du barbier. L’imprimeur tient une cage avec un petit oiseau chanteur entre ses mains tachées d’encre.
11e affiche
Abou Salem imprime d’autres affiches. Il y a beaucoup plus de cages d’oiseaux. Il parle à Shahida.
12e affiche
Itzhak se tient devant le logement. Il est en tenu complète de combat, son M-16 dans la main. Il regarde autour, puis cogne. Oum Salem ouvre.
13e affiche
Abou Salem déambule dans les rues du camp et arrache les affiches de Salem des murs.
14e affiche
Sarah est au Mur des Lamentations. Pleins de gens prient, des soldats avec leur M-16, des colons avec leur M-16, des civils avec ou sans M-16, des Hassidismes… Tous prient passionnément dans un mouvement saccadé de va et vient du bassin, tous embrassent le mur, le caressent sensuellement, tous pleurent. Tous reculent pour partir du mur, personne ne lui montre le dos. Les femmes sont séparées des hommes par une clôture.
15e affiche
Camp. À l’extérieur de la pièce, on entend le mégaphone d’un Hummer militaire.
16e affiche
Lumière. Forte. Blanche. Un bureau propre.
17e affiche
Vieille colonie. Shahida pose.
18e affiche
Une pièce d’étude de la Torah. Que des hommes. Que des Hassidismes. Barbes, boudins, chapeaux, redingotes. En transe. Ils prient fort. Se balancent fort. Suent fort. Sarah entre et va voir le rabbi. Elle porte un bonnet qui lui recouvre les cheveux et les oreilles.
19e affiche
Un charpentier et un berger se tiennent debout dans le Jourdain. Ils s’embrassent avec amitié.
20e affiche
Ismaïl se fait faire la barbe chez le barbier.
21e affiche
Prison. Saïd est seul, abandonné sur sa chaise.
22e affiche
Nuit. Camp.
23e affiche
Imprimerie. Abou Salem éteint la machine.
Dernière affiche
Check point.
- Caractéristiques des personnages: Une affiche de martyr représentant Salem : En Palestine, lorsque quelqu’un meurt d’une cause reliée directement à l’occupation, des factions s’approprient sa mort, font une affiche avec la photo du martyr et en tapissent les murs du pays.
OUM SALEM : Mère de Salem
ABOU SALEM : Père de Salem
SHADIDA : Sœur de Salem
ISMAÏL : Ami d’enfance de Shahida et de Salem
SAÏD : Frère d’Ismaïl, ami d’enfance de Salem et de Shahida
OUM SAÏD: Mère de Saïd et d’Ismaïl
HICHAM : Père de Saïd et d’Ismaïl
ITZHAC : Israélien en service militaire
SARAH : Épouse de Itzhak, étudiante en médecine.
Des barbiers, des rabbis, un docteur, plus de sept millions de réfugiés, des pères et des fils, des mères et des morts, des prisonniers, des hommes, des femmes, des oiseaux et beaucoup trop de soldats.
Ce texte parle du quotidien sous l’occupation ou plutôt, de l’impossibilité du quotidien, de la perte totale de normalité. Lorsque la mort et la violence sont des ingrédients de la vie de tous les jours, on en vient à en parler de la même manière qu’on parlerait d’un café. Un café sans sucre.
Des coupures et des changements peuvent êtres effectués, mais pour se faire, dû à la délicatesse des enjeux, des passions engendrées par ces enjeux et de la propagande des intéressés, le metteur en scène doit absolument entrer en contact avec l’auteur et appliquer les changements sous sa supervision.
Sinon, le texte doit être joué tel quel.
Extrait ABOU SALEM Je ne veux pas d’argent, je veux mon fils. Mon fils. Maintenant, vas-t’en, vendeur de cadavres, d’enfants morts. Laisse-moi. […] Tes billets, épingle-les au mur, ça fera une belle affiche. C’est ça, le vrai visage de la mort. Il n’y a plus de café. Sors.
BILAL ISLAM DIT LE BARBIER C’est toi qui les imprimes ces affiches, Abou Salem. Tu ne crois pas que mon cœur reste dur quand je croise ma fille sur les murs ? Mais ma fille est morte et ton fils aussi, et celui du cafetier et demain tu perdras peut-être ta fille, les affiches s’accumulent… Et c’est toi qui les imprimes. Puisse ton fils ne pas t’entendre. À propos de(s) l'auteur(s)
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Philippe Ducros est auteur et metteur en scène. Il a écrit et mis en scène près d’une vingtaine de pièces. Autodidacte, sa démarche reste ancrée dans ses errances aux quatre coins du monde.
À la suite d’une...
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Disponible à la librairie du CEAD
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