Limbes [2009]
Résumé Réécriture et traductions à partir de l'oeuvre de W.B. Yeats, plus particulièrement les pièces Calvaire, Résurrection et Purgatoire. C'est la veillée de deux revenants qui nous parlent de l'éternel retour du crime et du châtiment, qui accélèrent le rythme cyclique de la démence humaine. C'est aussi la danse macabre de trois soldats qui accompagnent le Christ dans sa mort sur la croix. C'est l'absurde rencontre entre le Christ et Judas, après la trahison. C'est le calvaire interminable. C'est le questionnement sur le sens de la vie et de la mort entre le Christ et Lazare. Aussi, c'est le procès que font un Grec, un Juif et puis un Syrien qui, venant témoigner de la résurrection du Christ, prennent l'allure de trois mages qui marquent la naissance d'un nouvel ordre. C'est un rituel sacré suivi d'une fête profane. Extrait « JUDAS : Je ne vois pas pourquoi tu doutes, à cette heure se révèle enfin que le nom de Dieu c'est Judas. (Il rit.) / LE SYRIEN : Mais nul ne l'entendra, que lui, puisque nous ne sommes pas là./ L'HÉBREU : Cessez de rire ! / LE FILS : Nous ne sommes, en son esprit, que l'empreinte d'un souvenir qui, sur lui, s'acharne. / LE CHRIST : Ils sont venus pour que nous soyons à nouveau réunis. / LE TROISIÈME SOLDAT : Les trois qui ne font qu'un. / LE SYRIEN : Leur réunification provoquera la naissance d'une grande lumière qui révèlera le vrai nom de Dieu aux morts qui nous écoutent. / LE PREMIER SOLDAT : Alors dansons. / LE CHRIST : Observez bien cet arbre mort. Il recommence à pousser. La vie revient. Rien n'arrête le cycle. J'entends et vois mon fils bâtard naître et mourir. Sous la forme d'un héron que l'on croyait mort, baigné de cette lumière laiteuse qu'est l'Esprit saint, telle la lune battant à nouveau son plein, Dieu s'avance pour me regarder. Mon Père, mon Père, si tout ce que j'ai vu et cru n'était pas un songe ou un cauchemar, que vraiment vous existiez et que je fus votre fils, alors c'est à son autodestruction que vous avez abandonné toute l'humanité. / LE GREC : La trinité à nouveau ne fera qu'un, et recommencera alors le Magnus Annus, la Grande Année. Les morts apprennent à écouter. Le cœur de l'humanité bat. Ô occulte poète, vos mots sont enfin limpides : Jette un regard froid, sur la vie, et la mort, cavalier, passe ton chemin. » Revue de presse « Spectacle-synthèse offrant trois perspectives sur le même texte et naviguant entre symbolisme, performativité et théâtre nô, cette pièce adaptée de trois textes de William Butler Yeats sur la vie du Christ proposait une vaste réflexion ontologique sur la place et l'image de Dieu dans un monde qui s'effrite et où, pourtant, le mythe religieux persiste. Voilà du théâtre qui agite l'esprit et les sens, qui force à penser et à écouter véritablement. Du théâtre dont on ne sort pas indemne. C'est rare. » Philippe Couture, Voir Montréal À propos de(s) l'auteur(s)
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