«Il ouvre un livre de poésie. Très lentement. Puis après, il ouvre ma main droite. Et avant même que j’aie le temps de m’enfuir, il y dépose son cœur. Oui, son cœur. Je veux dire son vrai cœur ! Son cœur en train de battre. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je viens tout juste de le rencontrer et puis son sang coule partout ! Son sang chaud inonde mon bras et dégouline sur le plancher du restaurant. Je voudrais m’échapper, mais je ne peux pas, je tiens son cœur. Je le tiens comme je peux, d’ailleurs. J’ai peur de lui faire mal. J’ai peur de l’abcirc;mer. Et je l’entends battre, « te-tum, te-tum, te-tum, te-tum ». Son sang gicle par vagues, et la chandelle sur la table se met à danser et à tout enflammer sur son passage. Et je me rends compte à ce moment-là que sa voix ne passe plus par mes oreilles, mais qu’elle me cogne directement dans le ventre !»

« Son Neurinome sur une balançoire porte en lui une incroyable poésie, un monologue singulier en forme d’éloge à la vie lancé par un comédien qui, à 35 ans, a été confronté à la fatalité d’un diagnostic : il a une tumeur au cerveau qui, loin de le conduire sur la route de l’angoisse, de la peur et de la dépression va plutôt lui faire prendre, 10 ans plus tard, celle de la création. », Fabien Deglise, Le Devoir, 7 octobre 2015.