À cause du soleil [2021]
PUBLIÉE DANS LE RECUEIL À CAUSE DU SOLEIL - LE TRAITEMENT DE LA NUIT, LES HERBES ROUGES, 2021 ; 21,95$
Résumé S’inspirant des écrits et de la vie de Camus, À cause du soleil met en tension la pensée du philosophe et un contre-champ contemporain par lequel je tente de lui répondre. Ainsi, à l’histoire de Meursault répond l’histoire de Medi, un jeune homme empruntant un parcours en négatif, aujourd’hui. Meursault avance péniblement sous le soleil brûlant d’une plage algérienne, alors que Medi traverse une ville (peut-être Montréal) en pleine tempête de neige, tard le soir. Meursault assassine un Arabe tandis que Medi se détourne d’un appel à l’aide pour apprendre plus tard que cet appel était celui d’une femme en détresse qui mourra ensevelie sous la neige. Meursault, « à cause du soleil », ne voit pas ; Medi, « à cause de la neige », n’entend pas. Meursault subit un procès qu’il s’explique mal alors que Medi semble faire son propre procès. Extrait « MARIE : Que j’épouse Meursault ou un autre, je sourirai tout le temps à mon mari. Parce que ça les rassure. Je veux dire : les hommes, les hommes ont soif de ce qui est inoffensif, c’est si rare, et si loin de ce qu’ils sont. Que m’importe d’épouser un assassin, puisqu’on a tous du sang sur les mains, Monsieur le juge, on a tous les mains sales, comme disait l’autre, alors il nous reste quoi ? La mer, le sel, le soleil, et une bouche, pour sourire et aimer. Vous pouvez m’accuser de légèreté, me prendre pour une pauvre fille qui n’a jamais lu un seul livre de sa vie et qui rêve seulement de se marier et d’être une star de cinéma, je m’en fous, parce que dans ce pauvre rêve de mariage, d’enfants et de cinéma, il y a toutes les ambitions des hommes, Monsieur le juge. Mais ils ne le savent pas. Les hommes ne savent pas aimer. » Revue de presse « À cause du soleil est essentiellement une réécriture de L’étranger (1942), mais cette pièce constitue également un commentaire sur l’œuvre camusienne. Comme dans son adaptation de Vers le phare (1927), de Virginia Woolf (Lumières, lumières, lumières, Théâtrales, 2015), ou encore dans celle d’Une vie pour deux (1978), de Marie Cardinal (La chair et autres fragments de l’amour, Leméac, 2012), on sent le regard sensible de De la Chenelière et sa fine compréhension des enjeux relatifs à l’amour et à la création. On retrouve aussi cette manière unique d’accorder à chaque personnage bien plus qu’un droit au dialogue : il s’agit d’un accès à la narration. » Christian Saint-Pierre, Lettres québécoises 183, hiver 2021 À propos de(s) l'auteur(s)
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