Biographie : je m'appelle Thymios, je suis metteur en scène, auteur et comédien. Je m'intéresse particulièrement aux univers virtuels, aux imaginaires SF et fantasy, qui ont toujours occupé une grande place dans mon développement sensible et artistique. Souvent jugés à tort comme déconnectés du réel, j'y ai plutôt trouvé un espace de liberté et je les lie aisément aux questions plus politiques, à partir de mon expérience intime, qu'elles concernent le genre, les existences queers, ou les problématiques socio-économiques et rapports de domination. J'ai écrit plusieurs pièces courtes (Dicke Bertha, Mandibules et Je choisis une forêt) ainsi que deux pièces longues (Ublo et Sauvez Bâtard). J'ai mis en scène ma première pièce, Sauvez Bâtard, en avril 2023 au Théâtre de Liège, durant le festival Émulation. Le spectacle reçoit le Prix Émulation du jury international, ainsi que le Prix Coup de cœur du jury jeune, ainsi que le Grand Prix des arts du spectacle décerné par l'Académie royale de lettres et littératures française de Belgique. Musicien de formation, je cherche à développer un lien dans ma pratique entre théâtre, performance et musique.

Projet d'écriture : EuriDyke, une performeuse numérique trash ultra-célèbre, plaque tout après un scandale lié à sa dernière performance où elle a failli perdre la vie. Sans le sou, fragile, elle se réfugie auprès de sa sœur qui vit chez son mec du moment, un riche investisseur, dans son manoir ultra-connecté en banlieue. Tout y est organisé pour satisfaire ses désirs, et EuriDyke comprend rapidement qu'elle n'est pas la bienvenue.

Avec Les Rêves humides, je m'intéresse aux relations sexuelles parasociales du monde contemporain. A quel point le porno impacte-t-il réellement nos pratiques ? Les êtres hyper stimulés sexuellement que nous sommes sont-ils réellement plus actifs ou cette omniprésence relègue-t-elle au contraire notre sexualité à l'espace imaginaire ? Et quels corps spécifiques fabrique-t-il ? A travers cette fiction, je m'interroge sur la manière dont le capitalisme digital exploite nos désirs, monétise nos hontes et nos frustrations, et façonne de nouveaux corps qui se rêvent sans se toucher.

Crédits : Laurent Poleo-Garnier

Biographie : comédienne, artiste de spoken-word, auteure et dramaturge franco-britannique, née en 1995 à Grenoble. Elle grandit dans la région de Toulouse, où elle suit une formation de théâtre, chant et danse, puis continue sa formation à Paris, au département des arts de l'École normale supérieure de la rue d'ULM où elle rédige un mémoire sur le polylinguisme sur la scène contemporaine. En 2019, elle quitte Paris pour assister Tiago Rodrigues au Théâtre national de Lisbonne, avant d'intégrer l'école du Théâtre national de Strasbourg. Son texte Comme après une bombe est édité aux Éditions Théâtrales. Elle forme en 2025, avec le compositeur et pianiste Gilles Ramade, le duo STENTON, qui propose une fusion unique de spoken word, trip-hop, jazz et musique électronique. Leur style, qualifié de « trip-hop narratif », se distingue par des récits poétiques et politiques accompagnés de compositions musicales immersives.

Projet d'écriture : la pièce que je viens écrire à Montréal s'intitule Bastardia, du nom du village où se déroule l'action. L'histoire s'est présentée à moi sous forme de conte dystopique : une parabole sur nos sociétés modernes, où la peur de contamination, combinée à la toute puissance des industries pharmaceutiques façonne les mentalités et paraît gouverner les esprits. C'est dans cet univers que je voudrais placer Adèle, jeune femme idéaliste qui va - par un accident du hasard entraînant quiproquos et usurpation d'identité - se retrouver précipitée en première ligne d'un scandale d'Etat. Envers qui réside notre devoir premier : notre « famille » ? celle dans laquelle on est né-e ou celle qu'on a choisi ? Une « humanité » supposée commune ? Ou soi-même ? Quelles sont nos possibilités de désobéissance au système d'Etat ? dans le contexte d'une crise sanitaire et environnementale qui fait entendre un discours univoque et unificateur contre un ennemi invisible, la question se fait d'autant plus pressante. Peut-on encore formuler une pensée critique dans le contexte de la surveillance mutuelle ? Qui craindre ? Je voudrais explorer quels peuvent être nos moyens de résistance, d'une génération à une autre, dans ce contexte. 

Crédits : Julie Artacho