C'est animé d'une profonde tristesse mais aussi d'un grand sentiment de reconnaissance que le Centre des auteurs dramatiques salue la mémoire de Claude Poissant, décédé vendredi dernier. Metteur en scène, comédien, directeur artistique et enseignant, Claude était aussi auteur membre de notre association depuis plus de quarante ans et un infatigable défricheur de la dramaturgie québécoise.
En solo ou en collectif, il a signé plus d'une vingtaine de textes depuis le milieu des années 1970, dont plusieurs pour le Théâtre PÀP , dont il fut cofondateur et directeur artistique durant de nombreuses années. Parmi ses textes, il faut mentionner « Passer la nuit » (1983), « Si tu meurs je te tue » (1993) et « Les enfants d'Irène » (2000), en plus de nombreuses traductions et adaptations. Soulignons la plus récente, une version toute personnelle de « La métamorphose » de Franz Kafka présentée en 2021 au Théâtre Denise-Pelletier, une institution dont il assurait la direction artistique depuis 2014.
Comme metteur en scène, Claude Poissant a présidé à la naissance de nombreux textes de la dramaturgie québécoise contemporaine, et ce aussi bien pour le public adulte que pour les jeunes publics. D'« Une goutte sur la glace » de Suzanne Aubry en 1979 à « Faire le bien » de François Archambault et Gabrielle Chapdelaine en 2024, ce sont plusieurs dizaines de créations qui ont bénéficié de sa rigueur et de sa clairvoyance au moment d'aller à la rencontre du public. Il toucha aussi au répertoire québécois, revisitant « The Dragonfly of Chicoutimi » de Larry Tremblay en 2010 et « Bonjour, là, bonjour » de Michel Tremblay en 2018.
L'équipe du CEAD se souviendra tout particulièrement de Claude comme du collaborateur toujours prêt à ménager de l'espace dans son calendrier, pourtant plein à craquer, afin de venir prêter main-forte au développement des écritures de demain. Il serait fastidieux de tenter de faire l'inventaire de tous les ateliers dramaturgiques et de toutes les lectures publiques dont il a assuré la direction au fil des années. S'y sont toujours manifestées les qualités que tout le milieu du théâtre lui reconnait : l'intelligence de son regard, sa générosité, son dévouement profond envers la relève. |
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