Un Marie salope [2010]
Quartett, 2011
Résumé Nous naissons tous quelque part. Certains y font leur vie, d'autres se déplacent un peu plus loin, mais quelques-uns partent vraiment, ailleurs. Quéinnec invente un de ceux-là, Claude, qui a fui soudain La Rochelle pour Marseille, puis Lille, Paris, Angers, Montréal enfin, et carrément Chicoutimi, froide terre québécoise où il refait sa vie, adopte une enfant. Seulement Claude-leclaudiquant est un nomade, éternellement en transit : il décide soudain de rentrer dans la ville de son enfance, par la mer, en détournant un « Marie salope » - ce dragueur chargé de nettoyer le fond des ports pour permettre l'accostage des chalutiers. De même, l'écriture de Quéinnec fouille et drague la tête de Claude, pour ramener à la surface souvenirs, visages et paysages : déchets enfouis dans la vase de la mémoire, témoins de toutes ces couches géologiques qui fondent la vie d'un homme, d'une époque. (...) Antoine Caubet, artiste associé au Théâtre de l'Aquarium Extrait « RAYMONDE : de quoi tu parles encore dans tes mains / CLAUDE : le voyage de retour | embarquer d'abord | au quai 4 de la baie des haha | avec lui | ce dragueur | tu sais ma raymonde en 89 je l'avais remarqué à l'anse saint jean | en zone de dépotage du fond par le bas plein | il a déchargé les vases et les sables | beau dragueur | cinquante cinq mètres de long | dix mètres vingt sept de large | mis à l'eau en 73 | ce marie salope est pour moi tu verras | deux moteurs caterpillar à sept virgule cinq noeuds | ça va suffire pour revenir par la mer | un bon volume de sept cent cinquante mètres cube | cette nuit marie salope marie salope tu es mon lit | au quai 4 du port de la baie des haha cette nuit mise en route | les machines sentent | je couche dedans | du fond de cale au gouvernail au ventre creux du rafiot | c'est ma place pour être et là te reparler raymonde » Revue de presse « Littérature de découvreurs, ce Marie-Salope de Quéinnec? Oui, sans doute. Car, que ce soit un naufrage qui nous jette sur la rive d’un autre continent ou l’envie de changement qui nous amène à quitter parents et amis pour nous exiler, il n’en demeure pas moins que le Nouveau Monde, celui où notre vie vient se rebâtir, doit être apprivoisé, nommé, chanté. Devant cette obligation de reconstruire, l’écrivain, bien souvent, met en relation les visages d’avant avec ceux de maintenant, mêlant dans son creuset d’alchimiste voix, peaux et secrets. Une façon, pour lui, de nous dire que le passé et l’avenir demeurent inextricablement liés, et que ces liens que l’on pense à jamais rompus ne se sont peut-être, en fait, dénoués que pour se nouer autrement. » Sébastien Harrisson, Avant-propos, Montréal, août 2010 À propos de(s) l'auteur(s)
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