(Photo : Marc Drolet)
Née en 1939 à Québec, Marie-Claire Blais demeure l'une des figures dominantes du paysage littéraire québécois. Elle publie à l'âge de vingt ans son premier roman : La belle bête, dont la violence et la sauvagerie resteront présentes dans ses livres et son théâtre, et qui lui vaut une bourse de la fondation Guggenheim à la suggestion du célèbre critique américain Edmund Wilson. C'est aux États-Unis qu'elle écrit Une saison dans la vie d'Emmanuel (Grasset, 1965), grâce auquel elle remporte, toute jeune encore, le prix Médicis. À partir de là, l'œuvre va se déployer à une vitesse surprenante. Une vingtaine de romans publiés à ce jour en France (Grasset, Gallimard, Laffont, Belfond) et au Québec, et tous traduits en anglais. Citons, pêle-mêle, Tête blanche (1980), L'insoumise (1966), David Sterne (1967), Manuscrits de Pauline Archange (1968), Vivre! Vivre! (1969), Le sourd dans la ville (1980), Visions d'Anna (1982), Pierre (1986), L'ange de la solitude (1989), Un jardin dans la tempête (1990), romans auxquels s'ajoutent, entre autres, une lumineuse trilogie publiée chez Boréal : Soifs (1995), Dans la foudre et la lumière (2001) et Augustino ou Le chœur de la destruction (2005). Elle écrit aussi six pièces de théâtre, dont un texte français à partir d'une traduction de Seamus Heaney de l'Antigone de Sophocle pour le TNM en 2005. Elle fait parallèlement paraître des recueils de poésie, effectue des séjours prolongés aux États-Unis, en France et en Chine, notamment. Elle reçoit le prix Belgo-Canadien, en 1976, le prix France-Québec, un grand nombre de bourses, le Prix du Gouverneur général en 1996 pour Soifs... Marie-Claire Blais a vu quelques-uns de ses romans adaptés pour le cinéma et la télévision, dont Une saison dans la vie d'Emmanuel, réalisé par Claude Weisz en 1968 (Prix de la Quinzaine des jeunes réalisateurs), Le sourd dans la ville, réalisé par Mireille Dansereau en 1987 (prix Mostra au Festival de Venise) et L'océan (téléthéâtre), réalisé par Jean Faucher et produit par Radio-Canada en 1971. De plus, la réalisatrice Paule Baillargeon travaille actuellement à un projet d'adaptation cinématographique de l'œuvre Visions d'Anna. Marie-Claire Blais a également scénarisé Le journal en images froides (Radio-Canada), réalisé par James Dormeyer en 1977, et collaboré à la scénarisation du documentaire Tu as crié let me go (ONF), d'Anne-Claire Poirier en 1997. Plusieurs pièces de Marie-Claire Blais, traduites en anglais par Nigel Spencer, ont été publiées chez Cormorant Press de Toronto. En 2007, les éditions du Boréal publiaient d'autres pièces, sous le titre de Noces à midi au-dessus de l'abîme et autres textes dramatiques, avec Désirs et Petites éternités perdues). L'auteure recevait en octobre 2005 le prestigieux prix Gilles-Corbeil de la fondation Émile-Nelligan, attribué tous les trois ans à une œuvre entière, puis, en mars 2007, le prix Matt-Cohen du Writer's Trust of Canada, attribué pour la première fois à une écrivaine francophone et, en 2008, le Prix du Gouverneur général du Canada pour son roman Naissance de Rebecca à l'ère des tourments paru chez Boréal. Marie-Claire Blais est décédée le 30 novembre 2021, à l'âge de 82 ans.